Philosophie
Apporter un maximum de lumière à toutes les parties de la couronne pour produire en qualité et régularité. Fort de ce principe de base, la taille se pratique comme au jeu d’échec, avec un minimum de coups pour gagner.
La stratégie passe par une bonne compréhension de ses arbres. Il s’agit de lire leur passé pour envisager leur futur. La lecture de l’arbre consiste à en déterminer ses composantes et en apprécier ses équilibres.
Chez les professionnels, la lecture est rapide tant la conduite de l’arbre a été simplifiée. La charpente est constituée d’un axe qui porte les rameaux soit végétatifs, soit fructifères. Il faut renouveler ces derniers en repérant bien la zone de production.
Le verger du jardinier est souvent plus complexe. L’arbre tige de plein-vent de l’amateur est composé d’un tronc et d’une couronne. Cette dernière montre un agencement de branches importantes – les charpentières – disposées radialement autour d’un axe, présent ou imaginaire.
Sur ces « pannes » s’installent des « chevrons », les sous-charpentières qui portent des rameaux neufs et des brindilles fruitières. A des tailles trop sévères, l’arbre répond par l’émission de pousses en excès. Ces rameaux neufs pléthoriques empêchent l’accès aux rayons solaires sur les frondaisons. Il ne faut pas les raccourcir mais ôter ceux qui ne laisseront pas aux feuilles la possibilité de s’étaler. Cela signifie qu’il doit y avoir au moins 30cm d’espace entre deux rameaux. Le sécateur fait ici le même travail que le pouce et l’index dans une ligne de carottes semées trop dru.
A l’inverse, chez les arbres vieillissant, les rameaux en manivelle, en zigzag, bref articulés dans une bizarre anarchie, seront évacués puisque souvent plus capables de supporter pommes ou poires. Là aussi, on évite de rétrécir en préférant l’ablation complète de la zone sénéscente. Attention, ce n’est jamais la grande poutze de printemps mais une intervention bien tempérée, c’est-à-dire sélective, quasi chirurgicale, dictée par les conclusions de la lecture de l’arbre.